adjugé vendu
Qu’est-ce qui fait le secret de longévité des montres comme la Tank, la Santos ou encore la Baignoire ? Elles donnent de l’élégance au temps. Un point de vue confirmé par BENOÎT Colson, expert international chez Sotheby's et COLLECTIONNEUR, qui répond À NOS questions.
Entretien avec Benoît Colson
Expert et collectionneur
Comment décririez-vous l’évolution du marché des montres vintage ? comment l’expliquez-vous ?
Ce marché a connu une progression continue. Historiquement, le marché concernant les montres vintage Cartier est l’un des premiers et des plus importants. Si l’on regarde un catalogue d’enchères des années 1980, Cartier y figure en première place, aux côtés de pièces à complications d’autres marques connues. Avec l’intérêt grandissant pour les montres de collection, les connaisseurs ont essayé de revenir aux racines et de retrouver l’ADN des collections. Ils ont recherché la qualité, la rareté, avec des pièces exceptionnelles qui leur procuraient des émotions qu’ils ne pouvaient pas trouver dans l’offre contemporaine courante.
Des pièces vintage, Cartier ou autres, produites fin des années 1990-début des années 2000, comme la Collection Privée Cartier Paris (CPCP), correspondaient exactement à ce qu’ils recherchaient. Produites en petites quantités, ces montres étaient restées fidèles à l’origine de la Maison et à son aura unique. C’est aussi le cas de certaines pièces contemporaines. Les montres Cartier ont toujours été collectionnées par les meilleurs revendeurs, les meilleurs spécialistes de salle de vente ou collectionneurs. Alors qu’ils ont accès et voient de très nombreuses pièces, ce sont elles qu’ils gardent pour eux, parce qu’ils en aiment la beauté et la qualité.
Selon vous, qu’est-ce qui fait le succès d’une création horlogère de luxe ? Son histoire, son design ? Sa marque ?
Pour moi, une montre a du succès quand elle est d’abord et avant tout aimée par les gens qui apprécient vraiment les montres. La reconnaissance d’un public plus large vient ensuite, naturellement. Ces connaisseurs vont choisir des pièces pour leur beauté pérenne, leur élégance intemporelle et leur singularité, la qualité des composants, une certaine rareté, l’histoire du modèle, entre autres...
Quelle est votre montre Cartier préférée ? Pourquoi ? Avez-vous eu l’occasion d’en évaluer certaines ?
J’ai un lien particulier avec Cartier, car c’est une tradition dans ma famille de recevoir une montre Cartier. On m’a notamment offert une Tank Basculante à remontage manuel en or jaune du début des années 1990. C’est elle que je porte aujourd’hui et cela fait plus de 15 ans que je l’aime.
Une des montres les plus incroyables de Cartier est la Crash. Qu’il s’agisse de sa version originale de la fin des années 1960, de ses nombreuses rééditions ou d’autres séries contemporaines, c’est une montre qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire de l’horlogerie.
J’ai eu la chance de vendre aux enchères un modèle très ancien lors de notre dernière vente « Important Watches », à Genève. Il appartenait à un collectionneur privé qui la chérissait plus que toute autre pièce de sa collection. Nous en avons parlé pendant cinq ans avant qu’il ne se décide à la mettre aux enchères. La montre s’est vendue pour 800 000 CHF, établissant un nouveau record du monde. Ce fut un moment inoubliable.
En dehors de la Crash, une de mes montres Cartier préférées est la Cheich, créée pour les vainqueurs du Cartier Challenge au Paris-Dakar. Je donnerais tout pour pouvoir la tenir dans mes mains.
RECORD DE VENTE POUR LA MONTRE CRASH
Mise aux enchères sur la plateforme de vente de montres Loupe This le 4 mai 2022, une montre Crash de Cartier réalisée à Londres dans les années 1970 et estimée entre 500 000 et 800 000 dollars bat tous les records de vente, adjugée à 1 503 888 dollars.
Dans les années 1960, à l’époque des Swinging Sixties, Cartier Londres présente l’une de ses créations les plus emblématiques : la montre Crash. Concentré d’audace et de tradition, celle-ci arbore une forme originale que l’on dit inspirée par une montre Cartier endommagée lors d’un accident de voiture et confiée aux ateliers londoniens de la Maison pour réparation.